
Entretien avec Robert, le psycho-miroir
Robert : Je suis bien placé pour t’observer. Et j’ai remarqué que tu as pour habitude de citer tes sources.
Laurent : Effectivement, c’est une habitude que j’ai depuis toujours, je crois.
Robert : Je dirais même que c’est pathologique, dans ton cas.
Laurent : C’est possible. J’ai toujours pensé qu’il était important de reconnaître qui est à l’origine d’une action ou d’une remarque. Il me semble que s’approprier la paternité de ce dont on n’est pas l’auteur n’est pas honorable.
Robert : N’est-ce pas en lien avec ton besoin de reconnaissance ?
Laurent : C’est probable. Bien qu’avec les années, ce besoin inconscient se soit estompé depuis que j’en ai pris conscience et que je n’ai plus rien à prouver.
Robert :P ourtant, cette nouvelle activité en tant qu’auteur ne te pousse-t-elle pas à rechercher une autre forme de reconnaissance ?
Laurent :T u as en partie raison. C’est une nouvelle aventure dans laquelle je me lance. Et ce n’est pas la plus aisée, en ce qui me concerne. L’écriture est un véritable défi. En serais-je capable ? Je sais désormais que oui. Écrire une histoire de plus de mille pages qui ne fait que commencer en est la preuve. C’est, à ce jour, le meilleur moyen d’expression de ma créativité que j’aie trouvé.
Robert : Tu as l’air satisfait de toi. Mais est-ce que tout ce que tu imagines provient uniquement de ton esprit ?
Laurent : Bien sûr ! Je n’en doute pas. Cependant, comme je l’ai dit, je cite toujours mes sources ; j’y mets un point d’honneur. C’est une marque de respect, envers les autres comme envers moi-même. J’ai en horreur les gens qui utilisent autrui comme un marchepied et s’approprient des idées qui ne sont pas les leurs.
Robert : Mais ce que tu décris dans ton projet… Est-ce une œuvre originale ? Ne t’es-tu pas inspiré d’idées issues d’autres auteurs de science-fiction ou d’anticipation dystopique, comme tu définis ton domaine ?
Laurent : Rien ne naît de rien, c’est une évidence. Il y a toujours un fondement, une source d’inspiration. Si tu veux dire par là que mon texte s’appuie sur d’autres idées, je ne peux que l’admettre. Peu d’auteurs peuvent se targuer d’avoir imaginé un concept aussi original que les Trois Lois de la Robotique d’Asimov. Cela relève d’une imagination fertile et d’une réflexion aboutie.
Robert : Pourtant, de mon point de vue, j’observe une continuité entre le golem de la tradition juive, la créature de Frankenstein et les robots d’Asimov. Ils s’inscrivent dans une même ligne de réflexion sur le pouvoir que l’homme peut engendrer, ses limites morales et le danger des créatures qui lui échappent. Chacun, à sa manière, cristallise une peur ancestrale face à ses propres créations, qu’elles soient religieuses, philosophiques ou technoscientifiques.
Laurent : Je n’avais pas fait ce rapprochement entre ces trois figures de la création humaine.
Robert : Nous avons quelque peu dérivé de notre sujet initial, tu ne crois pas ?
Laurent : Oui, le point que tu abordes ouvre encore un autre champ de réflexion. Mais pour revenir à notre thème du jour, je dirais : il faut rendre à César ce qui est à César.
Robert : C’est ta vision du monde… que tous ne partagent pas.



