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À l’étage inférieur se trouvait la fameuse salle de conférence, conçue pour que tous les Délégués puissent participer aux futures réunions. Elle se composait de trois demi-étages disposés en gradins, offrant une vue plongeante sur le centre de la salle. Chaque niveau comportait douze vastes tables disposées en arc de cercle. À chacune étaient associés trois fauteuils en cuir d’un grand confort ainsi que des écrans d’ordinateur incrustés dans la table d’acajou lustré. C’était du grand standing : trente-six personnes par niveau pouvaient ainsi prendre place.
Les tables du premier cercle, situées au plus bas, étaient proches les unes des autres avec un espace vide entre elles assurant la confidentialité nécessaire aux échanges vocaux de chaque délégation. Ce premier niveau entourait un espace circulaire d’une dizaine de mètres de diamètre. Le sol y était recouvert d’une surface dure mais translucide dévoilant des atmosphères détonantes pour un tel lieu.
Aux deux niveaux supérieurs, les tables étaient réparties de manière homogène autour de cercles concentriques. Leur disposition en quinconce garantissait une parfaite visibilité sur l’ensemble de la salle et des participants. Des escaliers desservaient chaque table sans qu’il soit nécessaire de croiser ou de déranger d’autres délégations. Tout avait été pensé pour que chaque Délégation de trois personnes se sente à la fois à l’aise et en sécurité, tout en partageant un même espace d’échanges.
L’architecture générale de la salle rappelait un amphithéâtre circulaire ultramoderne, permettant une vision panoramique et plongeante de l’ensemble. Douze portes donnaient accès à ce vaste lieu. Quant au plafond, il créait l’illusion d’une ouverture sur le monde extérieur : un dôme légèrement bombé projetait une représentation du ciel tel qu’on pouvait l’admirer du sommet de la tour Eiffel. Selon l’heure du jour ou de la nuit, on y voyait un ciel bleu d’été, des nuages, des oiseaux en vol, les traînées blanches d’avions de ligne, ou bien, à la tombée du soir, les étoiles de la Voie lactée évoluant lentement au rythme des heures de la nuit.
Mais ce qui frappait le plus dans ce lieu spectaculaire, dédié à l’étude, à la joute verbale et parfois à d’autres usages, demeurait sans conteste l’esplanade centrale entourée du premier cercle de tables. Longtemps, on hésita sur le nom à lui donner. Finalement, l’« Hollo-Aréna » s’imposa, à l’issue d’un concours interne lancé par RoshNa, une fois le concept devenu opérationnel. Il s’agissait d’une scène dont le sol était pavé de dalles digitales capables de projeter des vidéos en trois dimensions, faisant écho au ciel mouvant du dôme.
L’Hollo-Aréna permettait de marcher sur ces scènes en mouvement et d’explorer des environnements virtuels variés : une plage de sable blanc, des nuages dérivant paresseusement, une étendue d’eau, une prairie bordée d’arbres et de montagnes, ou encore un océan grouillant de poissons multicolores. Les ambiances semblaient infinies, issues aussi bien de vidéos réelles que de créations digitales ou de programmes d’intelligence artificielle.
Ce n’était pourtant pas le seul attrait de ce lieu unique, rapidement plébiscité par tous les agents du Bunker-Palace lorsqu’ils s’accordaient un moment de répit. Le véritable clou du spectacle résidait dans l’interactivité du sol : il réagissait au passage des visiteurs. Dans un décor sous-marin, les poissons fuyaient à leur approche ; sur le sable, leurs pas laissaient des empreintes ; sur l’eau, de petites vaguelettes frémissaient à chaque contact de pied, et un saut provoquait même des éclaboussures, parfois accompagnées d’effet sonore qui résonnaient en écho avec la vaste pièce.
Souvent, RoshNa venait s’y ressourcer, assise à même le sol de l’Hollo-Aréna. Elle laissait vagabonder son esprit tout en réfléchissant à la sécurité de ce lieu unique, conçu pour accueillir les futures Délégations.
Le commanditaire avait exigé que cette salle de conférence fût à la fois fonctionnelle tout en étant extravagante. Il avait donné carte blanche à RoshNa pour créer un endroit de rencontre hors norme. Peu à l’aise dans ce domaine, elle avait lancé une consultation interne. Un technicien de la salle de commandement, familier des dernières innovations technologiques, lui fit découvrir des vidéos illustrant ce concept. Elle lui demanda aussitôt un chiffrage qu’elle hésita à transmettre tant il lui paraissait démesuré. Pourtant, moins d’une demi-heure plus tard, une ligne de crédit fut débloquée. RoshNa en resta stupéfaite, tant son interlocuteur semblait disposé à dépenser sans compter. Celui-ci se justifia par un simple message :
— Nous n’aurons qu’une opportunité pour faire la plus belle impression. Rien ne sera trop beau. Il en va de notre notoriété en tant qu’hôte.
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[…] Dans l’article « Extrait » de mon ouvrage en cours d’écriture ( https://laurentchani.com/2025/07/29/extrait-description-de-la-salle-de-conference/ ), je décris une salle de conférence qui constitue un lieu clé de mon récit. Les points […]